Créer un buzz autour de l’apiculture dans les soins de santé

Une entrevue de Nourrir la santé avec Travis Durham

Travis Durham est gestionnaire des services d’alimentation et de nutrition à Grove Park Home en Ontario - il fait aussi partie des innovateurs de Nourrir la santé. Travis travaille à un projet emballant : il collabore avec un apiculteur local à installer des ruches à son centre de soins de longue durée. 

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D’où vient ce projet d’apiculture? Quand le projet a-t-il commencé et où en êtes-vous?

Je rêvais d’un projet d’apiculture sur place à la fin 2016. L’idée m’est venue lors de ma première entrevue pour faire partie de la cohorte de Nourrir la santé, quand j’explorais les possibilités de produire des aliments dans mon organisme, un centre de soins de longue durée. J’ai d’abord songé à un programme de jardinage, mais d’autres le font déjà très bien. Je voulais quelque chose d’un peu plus exigeant, comme la culture en serre ou la production de miel.

J’ai toujours voulu installer des ruches chez moi, mais je n’ai jamais eu le temps. La possibilité de le faire à mon lieu de travail, avec l’aide de plusieurs intervenants, au profit de notre population de personnes âgées à Grove Park Home, était une idée vraiment emballante.

Le projet a pris forme pendant la retraite de Nourrir la santé en février 2017. Alors que chaque innovateur planifiait sa feuille de route pour les quelques années à venir, j’y ai vu la chance de choisir l’apiculture sur place comme projet principal. En juin, les ruches seront en place et les abeilles vont pouvoir butiner et produire du miel dans les mois à venir.

 

Quels liens avez-vous tissés avec l’apiculteur afin que le projet soit aussi profitable pour lui que pour votre centre de soins de longue durée?

À mon retour de la retraite de Nourrir la santé, j’ai contacté certains de mes partenaires agriculteurs pour vérifier la possibilité d’établir un partenariat utile avec apiculteur. Ils m’ont tous conseillé de parler à Peter Dickey, un apiculteur de Barrie. Peter s’est tout de suite intéressé à un partenariat qui lui permettrait d’occuper l’espace disponible au centre. Nous avons discuté ensemble de la façon dont le programme pourrait fonctionner chez nous et il a proposé quelques options, avec le choix d’entretenir nous-mêmes les ruches ou de confier cette tâche à son entreprise pour toute la saison. Toutes les options nous permettaient de partager la récolte de miel, avec la possibilité de fixer un prix de gros pour la production en vue de développer un programme de marque privée pour la collecte de fonds.

 

Quel a été l’impact du projet jusqu’ici?

Comme le projet est encore au stade préliminaire, le principal impact a été de créer un buzz (jeu de mots intentionnel!) autour de la production de miel sur le site. Les résidents sont très intéressés au résultat de la production de miel. J’avais peur qu’une partie du personnel voie le projet comme une responsabilité ou un risque supplémentaire, mais les gens sont conscients que la pollinisation est essentielle à l’environnement et voient les avantages de l’activité pour les résidents.

 

Quel est pour vous le résultat futur idéal du projet pour le centre, le système de soins de santé et l’environnement?

Idéalement, que le projet d’apiculture devienne une activité annuelle sur le site et que nous puissions ajouter le plus grand nombre possible de ruches sur le terrain. Ce sera une valeur ajoutée à notre production interne d’aliments si le personnel en place s’intéresse à l’entretien des ruches. Nous n’aurions plus besoin de demander à des tiers d’entretenir les ruches et de transformer notre miel.

Je serais ravi que ce programme d’apiculture devienne la norme dans les centres de soins de santé qui disposent d’un terrain adéquat, ou qui sont en milieu rural sur un site qui permet de produire des aliments locaux. Ces installations seraient alignées sur la mission environnementale de soutenir les abeilles et leur travail de pollinisation afin d’assurer la reproduction des végétaux. J’espère que notre expérience incitera d’autres organismes à trouver des moyens novateurs de profiter des espaces et des ressources sous-utilisés pour créer des potagers sur les toits, des serres et des carrefours d’aliments locaux pour toute la collectivité.

 

Il est possible que plusieurs demandent des conseils sur la réalisation d’un projet de ce genre à leur établissement - que leur conseillez-vous?

Si vous songez à l’apiculture dans votre organisme, vous devez  :

  • Connaître la législation locale en matière d’agriculture. Par exemple, un ensemble de dispositions importantes en Ontario est la Loi sur l’apiculture.
  • Trouver un apiculteur professionnel qui désire travailler avec votre organisme et est disposé à comprendre la complexité de son fonctionnement.
  • Comprendre les besoins des parties prenantes chez vous et veiller à ne pas les mettre en danger. Par exemple, certaines personnes ont une réaction allergique grave (anaphylaxie) aux piqûres d’abeilles et il faut tenir compte de ce risque. 
  • Déterminer les mesures de santé publique à respecter si la production se fait sur place, afin de veiller à ce que tout soit fait de manière sécuritaire.