Renforcer la souveraineté alimentaire autochtone au profit de la santé et du bien-être

Du 15 au 18 août 2022, des leaders du secteur des soins de santé, d’organismes communautaires, du milieu universitaire et de communautés autochtones de l’Île de la Tortue se sont réunis à Thunder Bay en Ontario dans le cadre d’un événement de la Cohorte d’ancrage de Nourrir. Durant plusieurs jours d’ateliers, de visites et de discussions, les personnes présentes se sont penchées sur la relation entre la souveraineté alimentaire et le leadership en soins de santé.

Voici quelques photos et faits saillants de la semaine!

 

Souper de bienvenue au coucher de soleil

L’événement a débuté par un souper de bienvenue au bord du lac Tamblyn sur le campus Lakehead. Les membres de la cohorte des quatre coins du pays ont pu se rencontrer en personne, plusieurs d’entre eux pour la première fois. C’était en soi une raison de célébrer après plus d’un an de collaboration, d’apprentissage et de rencontre sur Zoom.

 
« Cette rencontre m’a aidé à me sentir plus à l’aise d’aller vers d’autres membres de la cohorte. C’est puissant d’être entouré de gens qui font les mêmes travaux. »
— JOSHUA SMEE, FOOD FIRST NL, NL
 

Apprentissage auprès du Cercle des conseillères, conseillers, alliées et alliés autochtones 

Sept membres du Cercle des conseillères, conseillers, alliées et alliées autochtones de Nourrir étaient présents et ont partagé des histoires sur leur communauté et l’intégration d’aliments traditionnels dans un contexte institutionnel. Ils ont également apporté et préparé des aliments de leur région, qui ont été présentés durant l’atelier de cuisine organisé durant la semaine.

« Pouvoir honorer les aliments traditionnels de chaque région a une grande signification pour nous. Ce fût toute une aventure de venir ici de Haida Gwaii, mais ce fût une belle aventure. Nous avons une expression en langue Haida qui exprime bien ce que je ressens : Dii k’uuga st’aax̱uuga – j’ai le cœur rempli. »
— JENNY CROSS, GARDIENNE DE SAVOIR À HAIDA GWAII
 

Visite du Lillie Street Urban Garden

Entre des rangées de laitue et de fraises, des jeunes et des adultes de la communauté taillaient des plants, s’occupaient des récoltes et voyaient à l’entretien d’un lieu rempli de couleurs. Le Lillie Street Urban Garden est niché au cœur d’un secteur résidentiel dans le quartier sud de Thunder Bay et fait partie du Roots Community Food Centre. Le site sert à offrir des formations professionnelles, à cultiver de la nourriture, et à renforcer la santé et la communauté.

L’équipe du jardin a travaillé en étroite collaboration avec des organismes locaux, comme la commission scolaire pour le terrain, Gaagige Zaagibigaa pour des projets de souverainetés alimentaires et des groupes offrant des formations professionnelles à des personnes nouvellement arrivées au pays ou récemment sorties de prison. Elle s’est inspirée de la notion mise de l’avant par le Roots Community Food Centre, qui consiste à se servir de l’alimentation pour créer un sentiment d’appartenance et de dignité, un objectif que les membres de la cohorte partagent dans leurs propres services alimentaires. 

La directrice du programme Airin Stephens et le jardinier communautaire Jordan Lees ont expliqué aux membres de la cohorte qu’ils apprenaient constamment de le terre et des gens de la région, tout en faisant preuve d’humilité culturelle et en travaillant pour appuyer le bien-être et la souveraineté alimentaire autochtones en tant qu’organisme non autochtone. 

« Nous avons commencé un projet de jardin en bacs dans notre communauté et la visite du Lillie Street Garden m’a montré ce qui est possible. Je repars avec beaucoup d’inspiration. »
— JULIE FUNG, BLACK CREEK COMMUNITY HEALTH CENTRE, ON
 

Atelier de cuisine au Roots Community Food Centre

Il y avait beaucoup d’énergie dans la belle cuisine industrielle du centre alors que des gestionnaires de services alimentaires, des leaders communautaires, du personnel clinicien, des nutritionnistes et d’autres enfilaient un tablier pour cuisiner ensemble. Sous la supervision de quatre chefs et leaders, les membres de la cohorte ont préparé un festin :

Craquelins avec de l’omble fumé et bannique avec confiture de mûres blanches, sous la supervision de Sherry Lee Penney (agente principale des opérations, NunatuKavut) et Roxanne Notley (coordonnatrice de la sécurité alimentaire, NunatuKavut).

Riz sauvage et soupe aux légumes, riz sauvage soufflé et riz sucré accompagné de pommes et de bleuets, sous la supervision de Gloria Ranger (coordonnatrice des ressources culturelles, Thunder Bay Indigenous Friendship Centre). 

Cubes de bison enrobés de poudre d’amélanche déshydratée et cuits sur des brochettes en branches de cèdre, sous la supervision de Moe Mathieu (chef et permaculteur, Saskatchewan Health Authority) - cuisine Métis.

Saumon de deux façons, sous la supervision de Margaret Edgars (Aînée), Jenny Cross (gardienne de savoir traditionnel), Tessie Harris (nutritionniste, FNHA) et Shelly Crack (nutritionniste) – cuisine de Haida Gwaii.

« Je me sens tellement reconnaissante que des chefs et des leaders aient apporté de la nourriture de partout au pays. C’était extraordinaire de pouvoir cuisiner ensemble et de découvrir des aliments traditionnels de chaque région. »
— EMILY BALDERSTON, PARTAGEONS L’ESPOIR, QC
 

Visite de la Regional Food Distribution Association

La visite a permis aux participantes et aux participants de découvrir comment des surplus de nourriture sont redistribués dans des communautés éloignées du Nord-Ouest de l’Ontario, des innovations sur le plan de la distribution alimentaire d’urgence et la programmation offerte localement dans la cuisine de l’association. Elle a aussi suscité des conversations intéressantes sur la façon dont chaque partie du système alimentaire peut représenter une occasion de faire preuve d’humilité culturelle et de lutter contre le racisme. 

 

Portfolios d’innovations

Les membres de la cohorte se sont de nouveau retroussé les manches pour étudier les défis qu’ils tentent de relever grâce à un accompagnement et à un financement de prototypage de 10 000 $ offert par Nourrir. Toutes les équipes avaient élaboré un portfolio d’innovations à l’aide du modèle des Trois horizons avant la retraite dans le but d’aborder les problèmes complexes cernés précédemment avec des partenaires communautaires autour des enjeux du gaspillage alimentaire, du racisme systémique, de l’empreinte carbonique, de l’insécurité alimentaire et de l’utilisation inefficace des ressources en santé. 

Horizon 1 (Même jeu, mêmes règles) : Créer des innovations qui apporteront probablement des changements graduels au sein d’un système existant. 

Horizon 2 (Même jeu, nouvelles règles): Provoquer un bouleversement pour créer de nouvelles occasions dans un système donné, en remettant en question les suppositions et ce qui est le plus sensible au changement sans remanier complètement le système. 

Horizon 3 (Nouveau jeu, nouvelles règles) : Transformer et réimaginer le monde que l’on connaît aujourd’hui. Cela implique de changer considérablement les visions du monde, les valeurs et les trames narratives. 

Le modèle des Trois horizons aide les équipes à faire la différence entre des interventions qui risquent de faire gagner du terrain dans l’horizon actuel (ou le « jeu ») grâce à des changements graduels vers un avenir plus souhaitable et des projets qui changeraient les règles pour créer un tout nouveau « jeu », c’est-à-dire l’avenir voulu visé par leurs travaux. 

Après avoir passé plusieurs mois à trouver et organiser des interventions, et à commencer à les mettre à l’essai, les membres de la cohorte ont souligné les réalisations faites jusqu’à maintenant. Ils ont aussi fait un exercice « Wise Crowds » dans le but d’obtenir des conseils de leurs pairs par rapport à leurs plus grands défis. Des renseignements ont été partagés sur une foule de sujets, notamment le changement de culture organisationnelle, l’approche face aux préjugés coloniaux, la gestion des relations, la création de partenariats communautaires équitables et le développement des innovations prometteuses dans d’autres territoires de compétences.

Voici des thèmes courants qui ont émergé de la cohorte : 

  • L’accès à des aliments traditionnels dans un contexte de soins de santé comme voie vers la réconciliation.

  • La refonte des menus pour les personnes hospitalisées en mettant l’accent sur la santé planétaire, y compris l’approvisionnement durable.

  • Un leadership dans le secteur de la santé relativement à des ordonnances alimentaires pour les foyers touchés par l’insécurité alimentaire. 

Les membres de la première cohorte et de la cohorte actuelle de Nourrir étaient assis ensemble lorsque la rencontre s’est terminée sur quelques dernières réflexions, par exemple « La cuisine est le cœur de tellement de maisons, pourquoi ne le serait-elle pas dans les lieux de guérison? » ou « Le travail sur la décolonisation et le travail sur le climat ne peuvent pas être distincts; ils vont de pair. »

Tout comme les travaux collectifs et axés sur les lieux des équipes qui font partie de la cohorte, la retraite de Thunder Bay n’aurait pas été possible sans la collaboration de partenaires locaux, entre autres : 

  • The Northern Ontario School of Medicine, qui nous a accueillis sur le campus qu’elle partage avec l’Université Lakehead et qui nous a aidés à organiser l’événement; 

  • Thunder Bay + Area Food Strategy, qui a fait don de magazines NOSH pour chaque personne présente et a offert de son temps précieux pour nous mettre en contact avec des producteurs locaux ou des sites à visiter, et qui a aussi récolté des ingrédients locaux en notre nom; 

  • Roots Community Food Centre (Roots CFC), qui a partagé son espace pour la tenue de l’atelier de cuisine, qui nous a offert une visite guidée de son site, y compris le Lillie Street Garden, et qui nous a mis en contact avec des adeptes locaux. 

  • The Thunder Bay Indigenous Friendship Centre et en particulier Gloria Ranger, qui nous a aidés dans notre planification et s’est assurée que l’événement puisse commencer et se terminer en beauté avec l’Aîné Gerry Martin, et qui a de plus supervisé un groupe pour préparer des plats de riz sauvage durant l’atelier de cuisine; 

  • Gaagige Zaagibigaa, qui a fourni des aliments traditionnels pour notre atelier de cuisine, ainsi que des confitures locales pour nos repas; 

  • La Ville de Thunder Bay, qui a fait don de tout l’ÉPI nécessaire à notre événement afin de garantir que nous puissions prendre les meilleures précautions en matière de sécurité; 

  • Chad Kirvin, qui a filmé l’événement et qui nous a fait part d’une si belle énergie créative. 

 

Le cercle qui entoure ces travaux s’étend et il y a plusieurs façons d’y entrer. Si vous cherchez un moyen de participer, jetez un coup d’œil au parcours d’apprentissage L’alimentation est notre médecine ou à la formation-action à venir sur les menus planétaires, ou encore, communiquez avec notre équipe!